Idées reçues

 

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La maladie de Parkinson ne se soigne pas.

 

FAUX. La maladie de Parkinson ne se guérit pas mais elle se soigne. Il existe de nombreux traitement médicamenteux antiparkinsoniens (L-Dopa et agonistes dopaminergiques notamment) ainsi que des alternatives thérapeutiques plutôt proposées après plusieurs années de traitement par L-Dopa (stimulation cérébrale profonde, pompe à apomorphine ou pompe à Duodopa).

 

La maladie de Parkinson est héréditaire.

 

VRAI et FAUX. La plupart du temps, la maladie de Parkinson est idiopathique c’est-à-dire qu’elle est sporadique et que l’on ne connait pas sa cause. Cependant,  5 à 10% des cas ont une origine génétique mais dans ce cas, il y a un contexte familial et un début en général très précoce (avant 40 ans), éléments que le neurologue aura identifiés.

 

Le DAT Scan permet de faire le diagnostic de la maladie de Parkinson.

 

FAUX. Le DAT Scan est un examen d’imagerie qui permet de mettre en évidence la perte des neurones dopaminergiques. Celle-ci n’est pas spécifique de la maladie de Parkinson car elle peut être retrouvée dans d’autres syndromes parkinsoniens notamment dégénératifs que l’on dit « cousins » de la maladie de Parkinson. Le diagnostic de maladie de Parkinson est clinique et il n’existe aucun examen complémentaire permettant d’établir un diagnostic formel de cette affection. Le DAT Scan ne permet donc pas de faire la part des choses entre les différents syndromes parkinsoniens et ne devrait être prescrit que dans certaines  rares situations douteuses.

 

Le tabac protège de la  maladie de Parkinson.

 

VRAI. Il a été mis en évidence que la consommation tabagique serait un facteur protecteur vis-à-vis de la maladie de Parkinson. Cependant, en contrepartie, le tabagisme est responsable de nombreuses pathologies telles que les bronchopneumopathies chroniques, les cancers du poumon, les cancers oto-rhino-laryngés et vésicaux...

 

Toute personne qui tremble a une maladie de Parkinson.

 

FAUX. « Tout ce qui tremble n’est pas forcément une maladie de Parkinson ». Il existe plusieurs autres causes de tremblement et notamment le tremblement essentiel qui est un tremblement familial  très fréquent dans la population générale mais qui se limite à un tremblement sans autre symptôme associé.
Le tremblement de la maladie de Parkinson survient au repos (par exemple : assis dans un canapé, à la marche). Il affecte le plus souvent la main avec une prédominance d’un côté (droit ou gauche), et ne touche habituellement ni le chef ni la voix.
Le tremblement essentiel affecte les membres supérieurs de façon assez symétrique. Il survient non pas au repos mais lors d’une prise de posture (par exemple : préhension d’un verre, écriture) et peut toucher la voix et le chef avec un mouvement de négation. 

 

Sans tremblement, il n’y a pas de maladie de Parkinson.

 

FAUX. Le tremblement n’est pas obligatoire dans la maladie de Parkinson. Même si c’est le signe le mieux connu, il n’est révélateur de la maladie que dans 30 à 40 % des cas environ et 1/3 des patients ne tremblera jamais au cour de l’évolution. Le signe le plus spécifique de la maladie est l’akinésie, définie par un défaut ou un retard d’initiation du mouvement, qui se traduit pas un ralentissement des mouvements et un appauvrissement de la motricité spontanée. A la différence du tremblement, l’akinésie est un signe obligatoire dans les critères diagnostiques de la maladie de Parkinson.

 

La maladie de Parkinson est une maladie uniquement motrice.

 

FAUX. Outre les symptômes moteurs (akinésie, rigidité et éventuellement le tremblement de repos) liés à la dénervation dopaminergique, on peut retrouver des symptômes non moteurs.
Ceux-ci sont variés et nombreux. Il peut s’agir par exemples de troubles du sommeil, de troubles de l’humeur, de troubles dysautonomiques (digestifs, urinaires, salivation) . Ces troubles non moteurs sont importants à déceler car ils impactent fortement la qualité de vie des patients et des traitements symptomatiques sont souvent disponibles.

 

Les traitements de la maladie de Parkinson sont neurotoxiques.

 

FAUX. Les traitements de la maladie de Parkinson visent à corriger la perte en dopamine mais ils n’empêchent pas la progression de la maladie de Parkinson. Ils ont une efficacité importante et ont transformé le pronostic de la maladie. Comme tous les traitements ils peuvent avoir des effets indésirables plus ou moins gênants qui doivent être surveillés par le neurologue en lien avec le médecin traitant. En revanche, il est bien établi que ces traitements, et en particulier la L-Dopa, n’ont aucune action neurotoxique. Le fait de les utiliser n’expose donc pas à une aggravation de la maladie. Les effets indésirables moteurs (fluctuations et dyskinésies) résultent principalement de la progression inéluctable de la dénervation dopaminergique. Les traitements médicamenteux servent de révélateurs à ces symptômes et parfois peuvent les favoriser. Un patient non traité est condamné à se détériorer progressivement sur le plan moteur et à perdre son autonomie.

 

L’efficacité des traitements dopaminergiques est limitée à une période de la maladie de Parkinson.

 

FAUX et un peu VRAI. La réponse favorable aux traitements dopaminergiques sur les symptômes cardinaux de la maladie (akinésie, rigidité, tremblement) fait partie des critères diagnostiques de la maladie de Parkinson. Ces traitements sont donc par définition efficaces sur ces symptômes et leur efficacité perdure tout au long du cours de la maladie. Toutefois, au fil de l’évolution, la durée d’effet de chaque prise tend à se réduire, ce qui conduit à multiplier les doses de traitements dans la journée. Les périodes de « OFF », pendant lesquels l’effet du traitement s’estompe transitoirement s’allongent mais alternent avec des périodes « ON » caractérisées par un état moteur satisfaisant (parfois pratiquement asymptomatique). On parle de fluctuations motrices. Pour autant, l’efficacité du traitement ne disparaît pas même si sa gestion devient plus complexe (avec le recours éventuels à des traitements continus en pompe ou à la stimulation cérébrale profonde). Plus tardivement, la progression de la maladie conduit à l’apparition de symptômes résistants au traitements (troubles cognitifs, instabilité posturale, freezing de la marche) qui traduisent l’existence de lésions touchant des systèmes neuronaux non dopaminergique.

 

Auteurs :

  • Le Pr Bertrand Degos, Neurologue, chef du service de Neurologie à l'hôpital Avicenne, AP-HP.
  • Le Pr David Grabli, Neurologue au Département de Neurologie à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Chercheur à l'ICM (Institut du Cerveau et de la Moelle épinière).

Mise en ligne le 9 Janvier 2017. Mise à jour le 8 Février 2019.