Les démences rares ou précoces, également appelées « Dégénérescences Lobaires Fronto-Temporales – DLFT », regroupent quatre groupes de pathologies :
Ce sont des maladies neuro-dégénératives, dues à un dysfonctionnement des régions frontales (situées dans la partie antérieure du cerveau) et des régions temporales (parties latérales du cerveau), qui affectent les fonctions cognitives et entraînent des dysfonctionnements fonctionnels retentissant sur les activités quotidiennes et l’autonomie.
Environ 8000 personnes en France auraient une DFT, 2000 une APP, 6000 une PSP et 2000 une DCB. Mais ces chiffres restent approximatifs.
Les DFT
Les DFT, également appelées maladie de Pick, touchent aussi souvent les hommes que les femmes. Les causes ne sont pas connues, en dehors des causes génétiques qui sont impliquées chez 30 % des patients. Elles débutent le plus souvent de façon insidieuse, entre 50 et 65 ans et se manifestent par des troubles comportementaux et du langage. Les conduites sociales et le contrôle émotionnel sont altérés.
Les APP
Ce sont des maladies dégénératives touchant sélectivement les régions cérébrales de l’hémisphère gauche, qui prennent en charge le langage (notamment le cortex frontal et temporal). Les APP (quelquefois aussi appelées syndrome de Mesulam) affectent des patients relativement jeunes puisqu’elles débutent dans la plupart des cas avant l’âge de 65 ans. Les cas héréditaires sont rares.
La PSP
La PSP fait partie des syndromes parkinsoniens atypiques, elle représente 5 à 10 % des syndromes parkinsoniens. Sa caractérisation est assez récente puisque les premières descriptions furent proposées par le Docteur Richardson avec l’aide des Docteurs Steele et Olszewski, en 1963. Elle débute en moyenne entre 60 et 65 ans, la survie est de durée variable, souvent longue. Les causes de cette maladie sont encore inconnues. Les lésions observées dans la PSP au niveau du cerveau sont caractérisées par l’accumulation de protéine tau anormale (tauopathie).
La DCB
La DCB est une maladie très rare décrite il y a 20 ans et appartenant aux syndromes parkinsoniens atypiques. Cette maladie d’évolution progressive touche la motricité, mais peut comporter aussi des troubles cognitifs. Le diagnostic est difficile au début, en raison de présentations cliniques variées. Les lésions observées dans la DCB au niveau du cerveau sont caractérisées par l’accumulation de protéine tau anormale (tauopathie).
Le début de la maladie se fait par une maladresse d’une main, avec lenteur et rigidité, une posture anormale (dystonie) d’un membre supérieur ou un trouble de la marche avec posture anormale d’un membre inférieur. L’atteinte est d’abord unilatérale et devient bilatérale après quelques années. Ces symptômes sont accompagnés de troubles de l’équilibre précoces avec des chutes. Ces signes parkinsoniens sont asymétriques et dopa-résistants.
L’apraxie est le trouble principal : il s’agit d’une difficulté dans les mouvements volontaires ou sur imitation, alors que le patient connaît le déroulement du geste. Cela touche aussi bien les membres provoquant des troubles gestuels (apraxie motrice) que la partie bucco-faciale entrainant des troubles de la parole (apraxie bucco-faciale).
Avec l’évolution de la maladie, des troubles cognitifs s’installent. Il s’agit d’un « syndrome dysexécutif » (difficultés à planifier un mouvement ou une action) accompagné d’une baisse du débit verbal et d’une désinhibition. Il peut y avoir également un agrippement excessif (grasping) ou un syndrome de la « main étrangère » (le patient a l’impression que la main, du côté le plus touché, ne lui appartient pas).
Les DFT
Les APP
Si vous constatez des troubles isolés ou prédominants du langage qui évoluent de manière progressive, il convient de consulter un neurologue qui vous adressera éventuellement à un collègue spécialisé dans le domaine de la cognition ou à un centre de référence ou centre de compétence de votre région. Le diagnostic sera posé en fonction de l’examen du langage et des autres fonctions cognitives, du bilan orthophonique et neuropsychologique ainsi que de l’imagerie cérébrale (IRM, scintigraphie, Tomographie par Emission de Positons TEP) et éventuellement de la ponction lombaire.
La PSP
Le diagnostic de la PSP est souvent difficile, notamment, dans les premières années de l’évolution car cette pathologie présente souvent des caractéristiques cliniques ressemblantes à celles de la Maladie de Parkinson. C’est l’évolution ou l’apparition de signes plus évocateurs qui orientent vers le diagnostic de PSP. Il s’agit toujours d’un diagnostic de probabilité, car seule l’analyse histologique du cerveau peut en faire un diagnostic de certitude. Les critères diagnostiques sont établis avec en premier, les troubles oculomoteurs et les chutes.
Les examens réalisés pour porter le diagnostic de PSP sont les suivants :
La DCB
Il existe des critères diagnostiques : installation progressive et asymétrique d’une rigidité et des difficultés à effectuer les mouvements (unilatérales et asymétriques), des troubles de l’équilibre et de la marche, une dystonie d’un membre et une apraxie précoce, des myoclonies d’un membre. Le début est insidieux, la progression lente, l’âge de début est d’environ 50 ans. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) montre pour cette maladie une atrophie du cortex pariétal asymétrique. D’autres régions du cortex peuvent être atrophiques, avec toujours une asymétrie.
Le diagnostic différentiel : Les autres maladies à éliminer sont avant tout les autres syndromes parkinsoniens atypiques et notamment la paralysie supranucléaire progressive (PSP), une dégénérescence fronto-temporale (DFT), une aphasie primaire progressive (APP), voire une maladie d’Alzheimer.
Les DFT
Des traitements médicamenteux (antidépresseur par ex.) et une prise en charge adaptée (orthophoniste) permettent d’améliorer certains symptômes. Il n’y a cependant pas de médicament spécifique pour le moment. Une prise en charge pluridisciplinaire (neurologue, psychologue, orthophoniste, assistante sociale) permet d’évaluer au mieux les besoins et d’assurer une prise en charge optimale.
Les APP
Il n’y a pas de traitement médicamenteux validé. La prise en charge par une équipe neurologique spécialisée et la rééducation orthophonique permettent cependant une stabilisation ou un ralentissement de l’évolution.
Le centre national de référence « Démences Rares ou Précoces » de la Pitié-Salpêtrière propose dans le cadre de la prise en charge des patients une consultation multidisciplinaire comprenant, entre autres, des bilans cognitifs et des investigations complémentaires.
La PSP
Les traitements actuellement proposés sont des traitements symptomatiques : prise en charge des troubles de la motricité (kinésithérapie, ergothérapie), de la parole (orthophonie), de la déglutition (orthophonie). La thérapeutique médicamenteuse curative n’existe pas encore, des recherches sont en cours.
Un soutien du patient et de l’entourage est nécessaire : suivi psychologique en dehors du suivi médical par un neurologue spécialisé, et par un médecin de ville.
La DCB
Il n’y a pas de traitement curatif mais les recherches sont en cours. Les traitements actuels sont symptomatiques :
Il est associé à 17 centres de compétences répartis sur le territoire national et dans les DOM-TOM.
Auteur : Dr Isabelle Le Ber, Neurologue au Centre National de Référence des Démences Rares ou Précoces et à l’Institut de la Mémoire et de la Maladie d'Alzheimer, situés à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP. Mise en ligne le 10 juillet 2019.